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«C'est au comte de Lautréamont qu'incombe peut-être la plus grande
part de l'état de choses poétique actuel : entendez la révolution
surréaliste!.» Isidore Ducasse fut considéré par les surréalistes comme un précurseur de la révolution littéraire du XXe siècle. En 1867 paraît à compte d'auteur et sous l'anonymat le premier des six Chants de Maldoror. Le recueil complet, signé du comte de Lautréamont, sera publié en 1869 et passera inaperçu, de même que ses fragments en prose (Poésies, 1870), rédigés peu de temps avant sa mort. Réédités en 1874 puis en 1890, les Chants de Maldoror seront remarqués par les symbolistes puis exaltés par les surréalistes. Dès le premier chant, le thème du «mal» libère d'étranges forces obscures et salvatrices (celles de l'inconscient) que les chants III et IV amplifient de résonances ténébreuses. Parallèlement, Lautréamont déploie un art de l'ironie, se livrant à un détournement des traditions du récit populaire français et du roman noir gothique. Cette révolte blasphématoire se traduit sur le plan poétique par une sacralisation des fantasmes (cf le bestiaire du chant V). Lautréamont se révèle un exceptionnel créateur de métaphores. L'exemple le plus caractéristique de cette capacité à concevoir de nouvelles images se trouve dans la série des «Beau comme!...» des chants V et VI, où l'auteur supprime un des deux termes de la comparaison, atteignant à la quintessence de l'effet poétique recherché par les surréalistes. «La poésie personnelle a fait son temps» Le lecteur, sollicité par l'apostrophe et l'incantation, est prié d'accompagner l'écrivain jusqu'aux limites extrêmes de sa création : ainsi peut-il s'effacer et, à l'instar de son héros Maldoror, échapper à l'humanité pour servir «les délires de la cruauté».
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