"Ignorantia juris neminem
excusat"
Nul n'est censé ignorer la loi
La justice française juge imprescriptible
la diffamation sur Internet
Carl Lang, dirigeant du Front National, a
intenté un procès à Thierry
Meyssan, dirigeant du Réseau Voltaire, lui
reprochant d'avoir publié sur le site de son
association un article le décrivant comme
"fanatiquement dévoué à Jean-Marie Le
Pen" et "partisan d'une solution armée au
problème Mégret".
La justice française a estimé que les
diffamations commises sur Internet ne pouvaient obéir
à la règle de la prescription de trois mois,
appliquée à la presse, car il s'agit d'une
"publication ininterrompue" et donc d'une
"infraction continue".
"le point de départ de la prescription se situe au
jour où l'activité délictueuse a
cessé" (17e chambre du Tribunal correctionnel de
Paris).
Thierry Meyssan a été relaxé sur le
fond et non pas grâce au point de droit qu'il avait
soulevé en soutenant que l'action était
prescrite depuis le 25 septembre 1999, soit trois mois et un
jour après la publication de cet article sur le site
du Réseau Voltaire (cf loi du 29 juillet 1881).
Les magistrats ont considéré que la
diffusion par Internet avait "pour objet et pour
résultat d'autoriser une accessibilité
immédiate et constante à des documents qui
auraient sombré graduellement dans l'oubli, mais que
ce progrès technique pérennise dans la
mémoire des hommes".
L'archivage sur Internet "s'accompagne naturellement
d'une permanence des infractions (...) et des dommages que
celles-ci occasionnent aux victimes". Cette permanence
doit donc avoir pour corollaire la possibilité de
poursuivre l'infraction "à chaque instant de sa
nouvelle existence", ajoute le jugement.
d'après : AFP
Cette décision place la France en marge
de l'évolution technique et du mouvement des
idées. Elle empêche la fonction de
mémoire et d'archivage de l'Internet.
Le Réseau Voltaire annonce
la constitution d'un comité d'initiative
pour préparer une loi visant à
garantir la liberté d'expression sur le Net.
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Le Conseil européen de Nice
réagit au jugement rendu contre
le Réseau Voltaire
Réuni à Nice, le Conseil
européen a dressé un bilan du
programme e-Europe. À cette occasion, il a
abordé la situation juridique
particulière créée en France
par le jugement rendu contre le
Réseau Voltaire. Les
Quinze se sont accordés sur
l'impossibilité de développer des
contenus si les sites Internet sont
assimilés à des "publications
continues". Ils ont constaté leurs
divergences quant à la définition
d'une norme juridique commune. La future
présidence suédoise pourrait
présenter prochainement des propositions en
ce domaine.
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